L'industrie du jeu vidéo a le vent en poupe, et les confinements successifs connus ces deux dernières années n'ont fait que confirmer cette tendance.

D'après un récent rapport, le marché mondial des jeux s'élève ainsi à près de 180,3 milliards de dollars en 2021. Rien qu'en France, l'industrie du jeu vidéo, en hausse de 11,3% en 2020, représente près de 5,31 milliards d'euros.

Si l'année 2021 s'est montrée particulièrement favorable à l'ensemble du secteur, un domaine particulier a su tirer son épingle du jeu : celui des jeux vidéo mobiles.

Jeux vidéo mobiles : un secteur en forte progression

Les jeux vidéo mobiles séduisent chaque année de plus en plus de joueurs, comme en témoignent les chiffres de l'année 2021, dévoilés en octobre dernier par l'agence Newzoo au sein d'un rapport intitulé « Global Games Market Report ».

Le secteur du jeu vidéo sur smartphone, en hausse de 4,4% par rapport à 2020, cumule ainsi à lui seul 52% des parts de marché. Les revenus générés par le secteur sont estimés à près de 90 milliards de dollars, pour 50,4 milliards pour les jeux sur consoles et 32 milliards pour les jeux sur PC. L'année 2021 est ainsi la première à voir le chiffre d'affaires du secteur du jeu mobile dépasser celui des jeux sur PC et consoles.

Autre donnée intéressante : pour la première fois, huit jeux vidéo mobiles sont parvenus à générer plus d'un milliard de dollars sur l'année, pour cinq seulement en 2020.

Le free-to-play : un modèle économique prisé par les joueurs mobiles

Les jeux mobiles s'étant imposés sur le marché répondent à un modèle économique bien particulier : le free-to-play (littéralement « jeu gratuit »).

A l'opposé des modèles économiques traditionnels (vente unitaire de jeux sur support physique ou en version dématérialisée), ou encore du freemium1 (modèle consistant à donner à l'utilisateur un libre accès à une partie restreinte d'un jeu vidéo), le modèle du free-to-play repose sur la perception de revenus indirects par l'éditeur. Ces revenus peuvent entre autres découler de placement de produits, de publicités intégrées, ou encore de la souscription par les joueurs à des options ou bonus payants.

Les jeux mobiles en free-to-play sont téléchargés gratuitement par les joueurs, qui ne subissent ensuite aucune restriction de jeu.

Si l'engouement pour les jeux mobiles est bien affirmé, de nouvelles tendances font progressivement leur entrée dans le monde du jeu vidéo. Les éditeurs, soucieux de se renouveler et de proposer toujours plus de nouveautés à leurs joueurs, s'intéressent ainsi depuis peu à la blockchain, aux NFT et au métaverse.

Le play-to-earn, avenir du jeu vidéo ?

La ferveur générée par la technologie blockchain et les NFT (non-fongible token, littéralement « jeton non fongible), fichiers numériques non interchangeables stockés sur la blockchain et auxquels se rattache un certificat d'authenticité, suscite l'intérêt du secteur du jeu vidéo.

D'après la banque d'investissement spécialisée dans le secteur des technologies Drake Star Partners, 20% des fonds levés par le secteur du jeu vidéo les neuf premiers mois de 2021 étaient destinés à des projets liés à la blockchain et aux NFT.

Les possibilités que laissent entrevoir ces technologies sont nombreuses, et ont donné naissance à l'apparition d'un nouveau modèle de jeu : le play-to-earn (« jouer pour gagner »).

Les jeux play-to-earn, dont les modèles sont variés, permettent de manière générale à leurs joueurs de collecter des cryptomonnaies ou des NFT en cours de jeu.

Les joueurs ont ainsi la possibilité, au fil de leur progression dans le jeu, de collectionner des objets, personnages, récompenses ou autres actifs numériques. L'inscription du jeu dans la blockchain permet d'assurer l'identification des joueurs propriétaires de ces actifs collectés lors de quêtes ou de missions virtuelles, eux aussi authentifiés, mais également l'authentification de l'ensemble des transactions réalisées.

Une fois en possession de ces actifs, les joueurs peuvent soit les revendre sur les marchés adaptés, soit les céder pour progresser encore davantage dans le jeu qui les intègre. Et le modèle du play-to-earn, lucratif pour ses joueurs, fait de plus en plus d'adeptes.

Le jeu vietnamien Axie Infinity, un des précurseurs de ces jeux basés sur la blockchain, énonce aujourd'hui compter près de 2,8 millions de joueurs quotidiens actifs. L'objectif de ce jeu ? Au moyen d'Axies, personnages NFT achetés par cryptomonnaies, les joueurs mènent combats et affrontements avec différents monstres virtuels. Au fur et à mesure de leur progression, les joueurs gagnant ces combats sont récompensés en cryptomonnaies ou NFT.

Plus récemment, c'est le géant du jeu vidéo Ubisoft qui a montré son intérêt pour les NFT. Annonçant en 2021 le lancement de son jeu DOGAMI, jeu NFT play-to-earn pour lequel près de 6 millions de dollars ont été investis, l'éditeur français voit en la blockchain « la clé de l'avenir du jeu vidéo  ». Les joueurs, dans le cadre de ce qu'Ubisoft appelle déjà le « petavers », pourront adopter, puis élever, un chien virtuel NFT. Ils pourront également, suivant leur avancée dans le jeu, gagner des DOGA. Ces crypto monnaies pourront par la suite être utilisées dans le cadre du jeu, notamment pour acheter des accessoires à cet animal de compagnie virtuel, ou encore pour le nourrir.

Le géant français a également lancé sa plateforme Ubisoft Quartz, sur laquelle les joueurs du jeu « Tom Clancy's Ghost Recon Breakpoint » peuvent acheter des Digits. Ces NFT, utilisables directement dans le jeu, peuvent également être revendus.

Si l'avenir du play-to-earn semble radieux, ce modèle de jeu commence à éveiller l'intérêt de certaines autorités, qui s'intéressent notamment au traitement fiscal des revenus générés par ce biais.

En 2021, la Corée du Sud, qualifiant les jeux play-to-earn de « jeux d'argent » et « stratagèmes spéculatifs », a ainsi interdit aux plateformes Google et Apple de les proposer sur leurs stores. Le fisc Philippin, lui, envisage désormais d'imposer les joueurs sur les gains tirés des jeux.

Footnote

1 Contraction des termes « free » (gratuit), et « premium ».

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